MIRANDE Cécile

Cette thèse cherche à examiner la place et le rôle des femmes dans les mécanismes du pouvoir à la cour de Lorraine sous l’Ancien Régime, entre 1608 et 1744. Dans cet espace ducal, situé au carrefour du royaume de France et du Saint-Empire romain germanique, il s’agit de comprendre comment duchesses, régentes, princesses ou favorites ont pu exercer une forme d’autorité au sein d’une institution dominée par des normes masculines. La question centrale est la suivante : dans quelle mesure les femmes de la maison ducale de Lorraine ont-elles réussi à s’approprier des espaces de pouvoir, et par quels moyens — formels ou informels — ont-elles influencé les dynamiques politiques et sociales de leur temps ?
Le projet s’intéresse également à la dimension politique des mariages dynastiques : au-delà de leur portée symbolique, comment ces alliances ont-elles servi les intérêts diplomatiques de la Lorraine face à ses deux puissants voisins ? À travers des figures emblématiques telles que Nicole de Lorraine ou Élisabeth-Charlotte d’Orléans, l’étude explore les résistances juridiques (exclusion successorale, loi salique), les stratégies d’influence (régences, patronages, réseaux) et la participation au cérémonial de cour.
Enfin, il s’agit de mieux appréhender le rôle de ces femmes en tant que médiatrices diplomatiques et actrices politiques à part entière. Fondée sur un corpus de sources variées — archives lorraines, françaises et autrichiennes — cette recherche ambitionne de renouveler l’approche du pouvoir féminin à la cour et de contribuer au développement de l’histoire politique des femmes dans l’Europe moderne.