Véritable tournant de la Première Guerre mondiale pour la Serbie et pour le front d'Orient, l'entrée en guerre de la Bulgarie au sein de la Triple Alliance et l'accumulation de défaites dans les Balkans à l'automne 1915 provoquent la retraite des armées et d'une partie des civils serbes au travers du Monténégro et de l’Albanie. L'évacuation par les armées alliées des survivants a nécessité la mise en œuvre d'une opération d'envergure par la Marine française aux côtés des marines alliées, preuve de son savoir-faire. Cette évacuation est un exemple par son ampleur et son objectif stratégique : entre début fin janvier et février 1916 ce sont près de 200 000 soldats et réfugiés qui sont transportés depuis les rivages de l'Adriatique par les navires italiens, français et britanniques. Moins visible que l’armée de Terre et les Poilus de Verdun, et quasiment oubliée des célébrations de la fin de la guerre, la Marine nationale s'est néanmoins illustrée en Méditerranée, à travers de nombreuses opérations menées pour soulager le front occidental et préparer celui d'Orient. Ce travail s'intéresse ainsi à cette opération interalliée de sauvetage, en amont aux discussions qui ont mené à sa mise en œuvre, et en aval à ses retombées sur différents plans, stratégique, sanitaire et militaire. La notion de réfugiés de guerre est également développée au travers de l'étude des populations civiles, de leur accueil, de leurs conditions sanitaires et matérielles. Le sauvetage permet une réorganisation de l’armée serbe avant son envoi sur le théâtre de Salonique, transportée de nouveau par la marine.